Frichti n°5

Sublime de frichti pour un dimanche où le temps se dilate à l'écoute des grands maîtres de l'espace sonore. Premier maître, la nature elle-même ou plutôt la tramontane captée par le Collectif Sin lors d'une ascension vers un sommet du sud de la France. On peine à croire qu'il s'agisse d'un pur field-recording tant les harmonies aléatoires que dégage ce souffle des hauteurs ressemble à celui d'un orgue marin. Cet enregistrement qui vient de paraître chez Pan European Recordings est un maxi 45t qui propose en face B un superbe remix dans lequel les filtres de Quentin Kôôl et le violoncelle de Gaspar Claus se fondent aux variations naturelles pour un grand moment d'immersion macrocosmique. 



Retour en binôme de maîtres véritables : Jim O'Rourke et Christian Fennesz. Ceux qui n'étaient pas nés musicalement dans les 00's seront bien inspirés de lire le piédestal érigé par Olivier Lamm sur The Drone pendant qu'ils écouteront le titre ci-dessous. It's Hard For Me To Say I'm Sorry sortira en juin aux Editions Mego.



Fils légitime de Fennesz, dernier maître de notre frichti et pas des moindres : Tim Hecker avec son nouvel album, qui possède des allures de grandes œuvres sinon plus, mais restons sur la réserve car la richesse folle de ce Love Streams nécessite de multiples écoutes. “Transcendental voice in the age of auto-tune” annonce le communiqué de presse. Au delà de l'accroche, Tim Hecker s'inspire des polyphonies de Josquin des Près pour dresser l'autel d'une nouvelle liturgie : chœurs éthérés, instruments à vent qui se mêlent à un épais brouillard numérique, éclats synthétiques comme la lumière qui traverse les vitraux pour éclairer la poussière volatile. L'Empyrée n'est pas loin et ça se passe désormais chez 4AD.